
Dans la carrière d’un athlète, il y a des chiffres, des chronos, des médailles. Et puis il y a les rencontres. Celles qui vous construisent, qui vous portent au sommet, et celles qui vous aident à vous réinventer. Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler de l’un des changements les plus importants de ma carrière : ma nouvelle collaboration avec mon entraîneur, Jérémy Peixoto.
Ce n’est pas une décision qui s’est prise à la légère. Elle marque la fin d’un chapitre incroyablement riche de ma vie et le début d’une nouvelle aventure humaine et sportive. Pour comprendre ce choix, il faut d’abord regarder en arrière, avec gratitude et un immense respect.

Clore un chapitre pour mieux grandir : L’ère Pascal Clouvel
Ceux qui me suivent savent l’importance qu’a eue Pascal Clouvel dans ma carrière. Pascal n’a pas été qu’un entraîneur. Il a été un mentor, un pilier. C’est l’homme qui m’a accompagné jusqu’au plus haut sommet, jusqu’à ce titre de champion du monde en décembre 2024 qui a changé ma vie. Ensemble, nous avons tout connu : les doutes, les heures de travail acharné, les sacrifices, et finalement, la consécration suprême.
Ces années ont été une réussite totale. Alors pourquoi arrêter ? C’est une question légitime. La réponse n’a rien à voir avec un conflit ou une déception. Au contraire. C’est justement parce que nous avions atteint une forme d’apogée, parce que nous étions allés au bout de notre histoire commune, qu’il était temps de se dire au revoir. Parfois, dans une relation, on sent qu’on a donné tout ce qu’on pouvait à l’autre. Continuer aurait été, peut-être, la chose la moins honnête à faire.
Je le dis et je le redirai toujours : j’admire Pascal plus que tout, et mon respect pour l’homme et l’entraîneur qu’il est, est infini. La décision de mettre fin à notre collaboration fut mutuelle, sereine, et empreinte de la bienveillance qui a toujours caractérisé notre relation. C’était la conclusion parfaite d’un livre magnifique. Mais pour qu’un athlète continue d’avancer, il doit parfois oser commencer à écrire un nouveau tome.

Le doute et la quête de sens
Une fois la page tournée, un vide s’installe. Un vide rempli de questions. Qui suis-je sans l’entraîneur qui m’a mené au sommet ? De quoi ai-je besoin maintenant ? Après avoir atteint le Graal, comment trouver la flamme pour repartir au combat ?
Je ne cherchais pas un simple technicien. Des entraîneurs compétents, il y en a beaucoup. Je cherchais autre chose. Une connexion. Un alignement de valeurs. Après une relation aussi forte que celle que j’ai vécue avec Pascal, je savais que je ne pourrais pas fonctionner sans une confiance absolue, presque instinctive. Je cherchais un retour aux sources.
C’est dans ce moment de flottement, de réflexion intense, qu’un nom n’a cessé de revenir, comme une évidence.
Le choix de l’évidence : Jérémy Peixoto, un retour aux sources
Jérémy Peixoto n’est pas un inconnu. Loin de là. C’est un ami, un athlète que je côtoie depuis des années, quelqu’un avec qui j’ai partagé des footings, des tours de piste, des discussions passionnées sur notre sport. Quelqu’un qui me connaît. Il connaît l’athlète, avec ses forces et ses manies. Il connaît aussi Florian, l’homme, avec ses doutes et ses aspirations.
Le choisir, ce n’était pas faire un saut dans l’inconnu. C’était, au contraire, faire le choix de la sécurité affective et de la confiance. C’était repartir sur des fondations saines, déjà existantes.
Notre collaboration est basée sur une philosophie différente, complémentaire à ce que j’ai connu. Avec Jérémy, il y a énormément de dialogue. Nous construisons le projet ensemble. Il apporte son expertise technique, sa vision extérieure, mais il y a une place immense laissée à mes sensations, à mon ressenti. C’est une approche holistique où la performance n’est pas décorrélée du bien-être.

Ce “retour aux sources”, c’est ça : revenir à une forme de simplicité, d’authenticité dans la relation. Ne pas avoir à jouer de rôle, pouvoir exprimer mes craintes sans filtre, savoir que la personne en face de moi est là pour moi, de manière inconditionnelle. La saison hivernale que je viens de vous décrire dans mon précédent article, avec ses hauts et ses bas, a été notre premier projet commun. C’était une manière de nous tester, de construire notre duo dans le concret de la compétition. Et même si tout n’a pas été parfait en termes de résultats, les fondations de notre collaboration se sont solidifiées à chaque cross, à chaque 10 km.